Témoignage

 

Je me nomme Marie, j'ai 26 ans et je suis chanteuse lyrique.

écris-le : janvier 2009

Je vis à Londres depuis 6 ans. Je voudrais faire part de mon parcours de santé et de vie depuis dix ans, afin d'illustrer les effets remarquables qu'ont eu les techniques de redressement mandibulo-postural, sur ma santé.

Historique des maux

A 16 ans, lorsque j'ai commencé les cours de chant sérieusement, je commençais tout juste à chercher des aides médicales pour me sortir de plusieurs années d'anorexie et de boulimie alternées. Plusieurs personnalités du monde du chant m'ont redonné espoir en la vie: si je m'en donnais les moyens, j'avais le potentiel de devenir une chanteuse, une musicienne, mon rêve de toujours. A l'époque, déjà, je souffrais de tas de maux : constipation quotidienne, aucune énergie physique, peu d'attention, et j'étais malade tout le temps (problèmes ORL). J'étais foncièrement déprimée.

 

 

Cette situation s'est prolongée pendant environ quatre ans, mais je m'accrochais à mes études, et avais commencé une psychothérapie. Mon entrée dans une grande école londonienne aurait pu faire présager le meilleur, mais en fait, les choses, coté santé, allaient bientôt se dégrader. A 19 ans, une personne de mon entourage, qui était orthodontiste, m'a vivement conseillé de porter des bagues – initialement, pendant un an seulement - car ma langue avait la manie de s'intercaler entre mes dents chaque fois que j'avalais et avait causé des béances latérales. Le travail a en fait duré trois ans et demi, et mes béances étaient toujours là. Les deux tentatives de rééducation linguale ont échoué, malgré ma discipline. Mon évolution vocale ralentissait en raison des rhumes, bronchites, maux de gorge à répétition qui faisaient de moi une malade quotidienne. Puis, à 22 ans, j'ai soudainement développé de l'asthme, des irrégularités cardiaques qui m'empêchaient de dormir, en même temps que des douleurs lancinantes dans la hanche droite et dans le genou, des tensions insupportables dans le cou, les hautes dorsales. Enfin, vers 24 ans, ma mâchoire craquait dès que j'ouvrais la bouche pour manger, bailler etc...

En voyant mon asthme (et tout le stress qui accompagne cette maladie) empirer de semaine en semaine depuis qu'un pneumologue m'avait prescrit les stéroïdes et inhalateurs classiques, je me suis lancée dans des recherches pour trouver une vraie solution. La technique respiratoire Buteyko, et son alliée, le capno-training (des méthodes répandues principalement dans les pays anglo-saxons), ont été une première victoire sur tant de mes maux: J'ai pu contrôler l'asthme et les irrégularités cardiaques en quelques jours de pratique, améliorer digestion, transit, sommeil, concentration et réduire le stress. J'étais moins malade, aussi. Mais mes douleurs articulaires, maux de têtes, acouphènes, fatigues, devenaient trop difficiles à gérer. Toutes mes relations furent affectées par ces maux, tant sur le mode personnel que professionnel. Des expériences très douloureuses ont fini d'achever ma foi en mon propre potentiel, en mon avenir de chanteuse, et mon avenir tout court. Beaucoup d’amis me suggéraient que tout ça, c'était dans ma tête. Que j'étais hypocondriaque, que je pensais trop à ma petite personne, que j'étais trop sensible à tout, et tout cela était renforcé par ma personnalité tourmentée, trop intellectuelle: "Tu te poses trop de question!". J'étais tout de même en psychanalyse (salvatrice !) depuis près de six ans, quand j'ai rencontré Monsieur Quilliou. Je ne listerai pas les multiples médecines douces, thérapies parallèles et allopathiques, suivies longuement et avec discipline ; le nombre de tests, radios et consultations de divers spécialistes, qui n’offraient aucune issue. Ou alors ce "grand chirurgien spécialiste de l'occlusion" qui m'apprit qu'il n'y avait pas d’autre alternative, pour remettre la mâchoire en place dans son articulation, que d’opérer (casser et recoller) . Ou cette gouttière anti-bruxisme à porter à vie, passivement.

Un jour, j'étais en production à Montpellier, et mes douleurs (mâchoire, cou, dos, côte et hanche) étaient telles que je ne pouvais plus chanter. Par chance, le chiropracteur que j’ai vu en urgence fut la première personne qui m'ait parlé de gouttières de redressement postural. Il ne connaissait pas de praticien de cette technique dans le nord de la France. Quelques mois plus tard, mes recherches sur le net m'ont amené au cabinet MCES.

 

Une vraie solution

Dès les premiers jours de port de la gouttière, les choses ont commencé à changer. Mr. Quilliou m'avait prévenu que pendant le traitement, le passage par des mémoires anciennes douloureuses pouvait être difficile à gérer émotionnellement. J'avais perdu ma mère très abruptement l'année passée. Trois jours après la pose, j'ai traversé une sorte de dépression fulgurante, à la fois physique (douleurs dans tout le corps) et psychique (j'ai commencé à réaliser, en pleurant toutes les larmes de mon corps, la perte de ma mère). Puis tout s'est calmé. Les ajustements suivants n'ont pas eu le même effet. Je porte la gouttière depuis le début du mois de février 2008, et dois avouer que les changements sont merveilleux, même si le traitement n'est pas terminé. L'effet le plus immédiat et surprenant fut l'arrêt de mes infections ORL récurrentes. Les quelques rares prémisses de rhumes qui se sont fait sentir au cours de l'année ont disparu très rapidement, comme si mon système immunitaire revivifié leur donnait un coup de balais. Et surtout, elles ne dégénéraient plus en bronchites, angines et autres infections plus graves, comme avant.

Les douleurs musculaires au niveau du cou, des articulations et du dos ont mis plus longtemps à s'atténuer, mais elles sont immensément moins présentes qu'avant. Le chiropracteur que je consulte régulièrement depuis trois ans maintenant, constate chaque fois de nouveaux progrès depuis que je porte la gouttière en bouche.
J'ai commencé à connaître des moments sans douleur aucune l'été dernier, mais ces jours de nouvelle jeunesse étaient encore isolés. Cet automne, j'ai eu davantage d'énergie, par périodes, en alternance avec d'autres périodes à vide. De mois en mois, je sens une progression de mes forces, et une régression de mes douleurs.

Ce redressement est aussi extrêmement intéressant sur le plan du chant: Ma respiration est bien plus libre, et plus calme. J’oublie souvent que j’ai été asthmatique. La libération graduelle de la mandibule ouvre un espace "dans le crâne" qui me permet d'accéder enfin à la résonance que ma voix a toujours fait pressentir, mais qui semblait bloquée. La liberté du cou et de la nuque est cruciale dans le chant, et mes tensions pré gouttière empêchaient toute mobilité à ce niveau. J'ai de moins en moins de contraction du diaphragme, ce qui rend le soutien, indispensable pour chanter, possible. Ma langue s’est remise en place avec la gouttière, et fonctionne normalement désormais.

Toutes ces années d'avant redressement postural, il y avait comme une dichotomie entre le haut de mon corps (au-dessus du diaphragme) et le bas (en dessous). Je n'arrivais jamais à connecter ces deux parties, et pour moi, cela avait plusieurs significations: je n'arrivais pas à connecter ma voix au soutien, au souffle, donc je ne pouvais pas m'exprimer musicalement. Mais, plus globalement, je n'arrivais pas à relier mon intellect à mes émotions. J'étais extrême sur les deux plans, et ma personnalité était donc double. Tout a changé sur ce plan avec la gouttière. J'arrive à ressentir mes émotions, et à les exprimer sans somatiser. Je me sens désormais unie à mon corps, une, et mon rapport aux autres en est positivement transformé. Le chant a repris son élan du début, et mes avancées techniques rapides me redonnent confiance en ce potentiel qui avait été sapé pendant des années. En conséquence, je stresse nettement moins avant une audition ou un concert.

Néanmoins, il me reste encore beaucoup de progrès à faire, notamment sur le plan énergétique, d’abord pour mieux fonctionner dans ma vie de tous les jours, ensuite pour avoir l’endurance physique et le rayonnement nécessaires au métier de chanteur d’opéra, extrêmement exigeant sur ce plan. Je remarque encore que si ma discipline dans la pratique du yoga, de la technique capno-trainning et d’une diététique appropriée, n’est pas absolument régulière, il suffit de quelques jours pour que le stress reprenne le dessus et que mon corps se remette à dysfonctionner : digestion, transit, douleurs dans la poitrine.

Aussi, comme la mandibule a bougé et que mes dents ne sont plus en phase les unes avec les autres, manger est long et difficile. J’ose espérer que les troubles digestifs dont je souffre régulièrement depuis ce déplacement, partiront avec le rétablissement d’une occlusion fonctionnelle. Je ne trouve pas que la gouttière soit intrusive ou gênante. Mes douleurs passées ont été incommensurablement plus gênantes.

 

Marie